*Ding*
Je ne m'attendais pas à recevoir une réponse aussi vite. Je déverrouille précautionneusement mon téléphone. Je surréagit au moindre des mots d'Estelle. La moindre virgule peut changer le message. Parfois j'attends même quelques minutes après la sonnerie pour me permettre de l'ouvrir. Juste histoire que l'excitation retombe un peu. Je l'ouvre ou je l'ouvre pas? Je met un peu de musique décapsule une bière et allume une cigarette. Bon. On va pas tortiller du cul pour chier droit. J'ouvre le message. "Qu'est-ce que ça peut te faire que je me maquille ? Est-ce que moi j'te demande si tu te shampouine à la lavande ?! Je préfère qu'on arrête de se parler pendant un moment Chance, ça vaut mieux, là je vois pas où ça nous mène, surtout en ce moment."
Wow. Ces quelques mots m'ont fait l'effet d'un coup de douze chargé à la chevrotine. D'abord la détonation, puis la balle qui siffle, puis l'impact, la chair qui se déchire. La cendre tombe de ma cigarette.
Je ne m'attendais pas à ça. J'ai une bouffée de chaleur, comme un nœud dans la gorge. Ma poitrine me fait mal. J'ai les yeux dans le loin, j'ai la tête qui tourne. Enfin Je me rappelle qu'il faut que je respire. J'inspire. Expire. Soupire. Des souvenirs m'assaillent et me malmènent. Je me rappelle cette fois sur la plage. Cette fois où j'ai pleuré. Cette autre fois ou c'est elle qui pleurait.
Une première vague balaye mon cœur qui semble s'être arrêté. Qu'est-ce qui la pousse à être aussi amère? C'était juste des mots. Un début de compliment sans intérêt. Pourquoi une réponse aussi brute? Le vide se creuse.
Une seconde vague me frappe l'âme. Je relis le message une deuxième fois. Puis une troisième. Et ainsi de suite dans l'espoir d'avoir manquer quelque chose, d'avoir mal compris, d'avoir halluciner. Mais ses mots étaient net, précis, sans aucune ambiguïté. A quiconque étaient ils destinés, le message était clair.
Les vagues suivantes emportent tout mes espoirs comme un ballon de plage dans les remous. Je savais qu'elle fréquentait quelqu'un depuis un moment mais je n'aurais pas penser qu'elle m'effacerait aussi facilement pour lui. Pourtant, c'est ce qu'elle est en train de faire. Les souvenir tourbillonnent dans ma tête, se cognent et se fracassent. Mes deux oreilles sifflent, ma poitrine est comme comprimée, je fixe le vide.
Ca fait plus de six ans qu'on est plus ensemble. Suis-je stupide de toujours creuser dans son coeur pour y trouver une flamme ? On s'était bien dit que l'on attendrais plus rien de l'autre, c'était dans le contrat. Des amis, nous devions juste être des amis. Bien sur, pour moi, ce n'était qu'une excuse pour pouvoir me prendre un petit shoot d'émotions de temps à autres, mais qui ne l'aurait pas fait. Quand tu connais quelque chose de fort, tu peux pas lâcher l'affaire tout de suite. Et puis malgré son détachement j'ai toujours eu la sensation qu'il lui restait un petit quelque chose dans le fond de son cœur. Pour moi c'était juste un moyen de nous sentir encore un peu vivant. Aujourd'hui… Je crois qu'il ne reste plus rien... "Nous"... Je suis mort une seconde fois.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire