Nesquik

    La chambre est sans-dessus-dessous. Le lit est défait et du linge sale est éparpillé sur le sol ci et là. Oisif, je suis assis a mon bureau. Il est jonché de vaisselle sale, de bouteilles et d'enveloppes vides. Le cendrier vomit ses mégots tant il est rempli. Ma mère dit toujours que l'état de notre espace reflète l'état de notre pensée. Là, c'est un sacré bordel. Pourtant, mes idées sont plutôt claire. Aujourd'hui je sais ce que j'ai à faire et ce n'est d'ailleurs pas compliqué. Je finis en vitesse mon thé qui est déjà presque froid et entreprends un brin de ménage. Je commence donc par remplir un sac poubelle avec les quelques ordures qui trainent par ci et par la. Je rassemble aussi les tasses et les assiettes qui trainent et les ajoute à la pile de vaisselle qui déborde déjà de l'évier de la cuisine. Me restera plus qu'a lancer une machine de linge et à passer un petit coup d'éponge et ce sera parfait. Je ferais ça en rentrant, pour l'instant je dois vite me rendre au point de rendez-vous. Si je ne me dépêche pas, je vais finir par être en retard.

    Le rendez-vous n'a pas lieu au banc vert habituel aujourd'hui. J'ai du faire quelques minutes de vélo de plus pour arriver au point GPS que j'ai reçu par message. Je me trouve à l'entrée d'une zone industrielle entre le parking d'une usine et l'entrée d'un garagiste. Il n'y a pas de banc ici et je déteste attendre debout. Quand je n'ai nulle part ou m'asseoir j'ai tendance a faire les cent pas. Je n'aime vraiment pas cet endroit, il est tard, il fait noir et le lieu est désert. Par sécurité j'ai attaché le cadenas du vélo, il serait fâcheux qu'on me le vole, il appartient a ma mère. Après quelques cigarettes, Nesquik arrive lui aussi sur le spot. D'une pichenette, il se débarrasse de la fin de son joint et me salue :
    "-Alors, comment ça va depuis la dernière fois? T'a bien kiffé?   
    -Franchement j'ai rarement goûté quelque chose d'aussi bonne qualité, j'étais impatient de commencer.
    -Je t'avais dit. Y a pas mieux dans la région en ce moment. Alors? tu as pu rassembler combien?
    -J'ai pu avoir six cent balles. Par contre j'ai vider mon compte bancaire, je vais devoir manger des pâtes jusqu'à la fin du mois.
    -Nickel, par contre pour cette somme je peux te faire vingt-cinq grammes pas plus.
    -Ah merde... j'aurais penser plus, t'avais pas dit que tu m'arrangerai sur le prix?
    -Non mais en vrai t'inquiètes, c'est un prix normal. C'est vraiment le top de ce qui se fait en ce moment. En plus si tu te démerde bien tu peux facilement faire le double. C'est pas comme la roulette. Là t'es sur de te faire de la maille. Fais moi confiance, faut vraiment être débile pour se mettre dedans.
    -Bon, ça va le faire, mais si t'arrive à me baisser les prix la prochaine fois j'pourrais envisager de t'en prendre plus.
    -Ouais, ouais, c'est ça, t'inquiètes. On verra la prochaine."
Il fouille quelques instant dans sa sacoche puis en sort une petite boîte cylindrique qu'il me tends. Je la prends et lui tends les billets qu'il s'empresse de recompter.
    "- Bon c'est nickel frérot. Fais attention aux flics sur la route. Et préviens moi quand t'as fini d'écouler tout ça.
    -Ca marche, à la prochaine."
Je vérifie que mes poches sont bien fermées, salue Nesquik d'un signe de main et enfourche mon vélo. Ca y est. Les affaires reprennent.

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