Du Jazz Du Café Et Un Sucre

     Avec du jazz dans les oreilles, je trace pour rejoindre le numéro quatre de la rue Paul-Guiton. Le jazz à cette tendance à rendre les trajets en vélo un peu moins ennuyeux. La musique en général d'ailleurs mais aujourd'hui, c'est du jazz que je devais écouter. Avec ça dans les oreilles je n'entends pas le bruit insupportable de la ville en pleine heure de pointe. Le rendez-vous est dans dix minutes. Si je roule assez vite je devrais arriver à temps. Laissant tourner mes pensées comme les pédales de mon vélo j'imagine la conversation.
    "-Bonjour !
    -Bonjour. Alors dites moi… Comment allez-vous depuis la dernière fois?
    -Alors pour tout vous dire, cela fait quelques temps que je me prends pour un sucre dans un concert de     jazz.
    -Ah ! Oui… Ce n'est pas commun… Racontez moi en un peu plus sur cette expérience.
    -J'ai l'impression d'être un sucre. Vous savez ? Comme ceux qu'on met dans le café. Et je suis dans un        concert de jazz, avec de la musique qui me traverse le corps. C'est comme si j'étais en train de fondre,        de me dissoudre dans l'ambiance.
    -Hmm, c'est intéressant. Et comment vous sentez vous à propos de ça ?
    -Eh bien, c'est étrange, mais ça me procure un sentiment de bien-être et d'apaisement. Comme si je            faisais partie de quelque chose de plus grand.
    -Je vois. Et vous n'avez pas peur que quelqu'un vous boive ou vous mange ?
    -Si ça aussi c'est une métaphore, c'est le cas. Mais je serais sans doute totalement dissout avant que ça        n'arrive. La dissolution… je ne peux pas m'empêcher d'y penser.
    -Je comprends. Mais vous savez, moi aussi parfois je me sens comme un objet inanimé.
    En fait, je me sens parfois comme une machine à café, comme si je produisais des réponses et des            conseils sans vraiment ressentir quoi que ce soit. C'est peut-être un peu fou, mais c'est comme ça que je     me sens parfois.
    -Wow, je ne m'attendais pas à ça. Mais je s..." 

*Tuuuuuut!!* 

    Connard va! Le chauffard me coupe la route en me faisant un doigt d'honneur et en criant des insultes que la vitre m'empêche d'entendre. Sa voiture à grillé la priorité et a manqué de me renverser. Heureusement j'ai mis un gros coup de frein et j'ai éviter l'accident. De justesse. Les gens roulent vraiment comme des cons de nos jours. Sérieux. Regarde où tu vas enculé. T'es pressé ou quoi?! Moi oui je suis plutôt pressé mais pas de stress, dans une minute et une vingtaine de seconde je serais arrivé au rendez-vous. Là, la réalité me rattrapera et me rappellera que mon psychiatre n'est pas aussi conciliant. D'ailleurs, je n'ai pas l'impression qu'il comprenne les métaphores.

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