Il est 16h06. Je mets de l'eau à chauffer afin de préparer mon premier café de la journée. Ce n'est pas tant que je viens de me réveiller, j'ai déjà eu le temps de fumer une dizaine de cigarettes et de remplir à moitié le cendrier, mais je crois juste que c'est le moment où l'envie m'est venue. Ces gestes sont les mêmes chaque jour : je mets l'eau à chauffer, puis je rempli la cuillère doseuse de café, je n'ai aucune idée de la quantité que ça représente mais cela me convient. Ensuite je vais chercher ma tasse dans l'autre pièce et sans laver la cuillère, je la plonge dans le miel. A ce moment là, en général, l'eau est assez chaude, ces satanés bouilloires électriques fonctionnent vraiment bien. Je verse l'eau dans la cafetière french press que m'a offert ma mère, appuie doucement sur le piston et enfin, je sers le tout dans la tasse. Je me dirige alors d'un pas hâtif à mon bureau en renversant malgré moi quelques gouttes de café brûlant rejoignent les taches sur le parquet et sur mes chaussettes blanches. Puis je m'installe enfin devant mon ordinateur. C'est ma fenêtre, c'est comme ça que j'aime contempler le monde. Je trempe le bout de mes lèvres, la playlist change de morceau, évidemment c'est encore bien trop chaud et cela me laisse exactement le temps de fumer une cigarette.
Et ainsi, chaque jour, cette même chorégraphie se déroule, toujours de façon identique, comme millimétrée au geste près. Et chaque matin, les odeurs du café et de la cigarette se mêlent, installant l'atmosphère d'un bistrot des années 60, dont les clients auraient déserté depuis longtemps. Dans ma bouche, la fumée du tabac, l'amertume du café et la douceur du miel forment un bien curieux mélange.
"L'amour, c'est comme le café!" me dis-je : une grande tasse d'amertume pour une cuillère de douceur. Avec une cigarette dans la bouche, pour se donner un air fataliste, c'est important, c'est comme ça qu'ils font dans les films. D'ailleurs à ce propos, ma copine m'a quitté la veille. Oh pour sûr ce n'était pas beau à voir mais bon, c'était comme d'habitude. Une dispute de plus, elles se ressemblent toutes et à force, mes émotions sont devenu imperceptibles, mon cœur est redevenu froid. Bien sûr, je me suis refugié dans tout un tas d'excuses et de promesses pour ne pas perdre la face. C'est ce que chacun aurait fait, mais j'avoue que même moi je n'y crois plus vraiment. Faire croire à quelqu'un quelque chose que nous mêmes ne croyons pas, c'est faire du mauvais commerce. Les mauvais commerçants font rarement de bonnes affaires.
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