Bienvenue

 


Assis toi confortablement et suis La Trace...                        


 

    Chers lecteurs, Je suis ravi de vous accueillir sur ce blog dédié à la vie plutôt banale d'un jeune garçon lassé de sa vie et plein de doutes qui cherche à pimenter son quotidien. Vous allez le suivre dans son parcours, ses rencontres, ses expériences et ses réflexions. Il devra assumer ses décisions et choisir entre l'aventure et la routine. Il fera connaissance avec de nouvelles personnes et sera contraint d'en abandonner d'autres. C'est a travers ses yeux que vous le suivrez entre vie banale et aventures stupéfiantes. Qui sait où tout cela finira par le mener ?

    Petit avertissement : Cette histoire aborde des sujets compliqués comme la consommation et la revente de produits illicites. Je tiens donc a préciser que je ne cautionne pas ce genre de pratique. La consommation et la vente de drogues est illégale en France et dans de nombreux pays. Vous êtes donc responsable des conséquences de vos actes et ce à tous les niveaux.

    Ceci dit, je vous souhaite la bienvenue sur ce blog fiction dans lequel vous allez pouvoir découvrir ces trépidantes péripéties. Je publie un épisode chaque dimanche normalement. Si vous voulez en savoir plus sur mes créations ou voulez être prévenus à chaque nouvel article, n'hésitez pas à aller suivre mon compte instagram trouvable ici.

    Vous trouverez à votre droite un sommaire avec lequel vous pourrez accéder facilement à chaque épisode et à chaque chapitre. Merci de ne pas oublier que le récit est en construction et que par conséquent vous pourrez sans doutes remarquer quelques incohérences et quelques fautes de français que je m'efforce de corriger au fur et à mesure.


  


    Je vous remercie de votre visite et de votre intérêt pour cette histoire. Aussi je vous souhaite une agréable lecture ! 


Bien cordialement, 
Soda Café

L'Aube

    Prendre sa guitare, tailler ses crayons, écrire quelques phrases d'un trait plutôt grossier. Se perdre en allumant l'ordinateur à la recherche de nouveauté, d'aventure peut-être, de mots plus justes, pour dépeindre cette vie plutôt morose et monotone. Je reprends mes notes à la recherche d'un chemin, repère quelques objets dans la pièce qui me permettraient de retrouver mon chemin.

    L'idée m'est venue dans la nuit vers cinq ou six heures. Le rythme lent de la respiration de ma petite amie endormie berce doucement la pièce. Quelques voitures passent, projetant sur les murs des ombres familières que le soleil, mécontent, s'efforce d'effacer de sa douce lueur matinale.

    La fatigue se fait sentir, je fume une dernière cigarette lorsque le réveil retentit. Je m'empresse de l'éteindre et rejoins la chaleur de ma couette et ma petite amie, encore profondément endormie…

Premier Café

     Il est 16h06. Je mets de l'eau à chauffer afin de préparer mon premier café de la journée. Ce n'est pas tant que je viens de me réveiller, j'ai déjà eu le temps de fumer une dizaine de cigarettes et de remplir à moitié le cendrier, mais je crois juste que c'est le moment où l'envie m'est venue. Ces gestes sont les mêmes chaque jour : je mets l'eau à chauffer, puis je rempli la cuillère doseuse de café, je n'ai aucune idée de la quantité que ça représente mais cela me convient. Ensuite je vais chercher ma tasse dans l'autre pièce et sans laver la cuillère, je la plonge dans le miel. A ce moment là, en général, l'eau est assez chaude, ces satanés bouilloires électriques fonctionnent vraiment bien. Je verse l'eau dans la cafetière french press que m'a offert ma mère, appuie doucement sur le piston et enfin, je sers le tout dans la tasse. Je me dirige alors d'un pas hâtif à mon bureau en renversant malgré moi quelques gouttes de café brûlant rejoignent les taches sur le parquet et sur mes chaussettes blanches. Puis je m'installe enfin devant mon ordinateur. C'est ma fenêtre, c'est comme ça que j'aime contempler le monde. Je trempe le bout de mes lèvres, la playlist change de morceau, évidemment c'est encore bien trop chaud et cela me laisse exactement le temps de fumer une cigarette.

    Et ainsi, chaque jour, cette même chorégraphie se déroule, toujours de façon identique, comme millimétrée au geste près. Et chaque matin, les odeurs du café et de la cigarette se mêlent, installant l'atmosphère d'un bistrot des années 60, dont les clients auraient déserté depuis longtemps. Dans ma bouche, la fumée du tabac, l'amertume du café et la douceur du miel forment un bien curieux mélange. 

    "L'amour, c'est comme le café!" me dis-je : une grande tasse d'amertume pour une cuillère de douceur. Avec une cigarette dans la bouche, pour se donner un air fataliste, c'est important, c'est comme ça qu'ils font dans les films. D'ailleurs à ce propos, ma copine m'a quitté la veille. Oh pour sûr ce n'était pas beau à voir mais bon, c'était comme d'habitude. Une dispute de plus, elles se ressemblent toutes et à force, mes émotions sont devenu imperceptibles, mon cœur est redevenu froid. Bien sûr, je me suis refugié dans tout un tas d'excuses et de promesses pour ne pas perdre la face. C'est ce que chacun aurait fait, mais j'avoue que même moi je n'y crois plus vraiment. Faire croire à quelqu'un quelque chose que nous mêmes ne croyons pas, c'est faire du mauvais commerce. Les mauvais commerçants font rarement de bonnes affaires.

    Après avoir divagué pendant plusieurs minutes en regardant ma tasse vide, je roule une autre cigarette. Je tire alors enfin le rideau pour laisser passer la lumière du jour : "Que vais-je faire aujourd'hui?" Le soleil laissera place aux étoiles dans quelques heures et je n'ai encore rien fait. Même le lit est encore sans dessus dessous. Je traine comme un fantôme dans cet appartement ou le temps semble figé et seule la playlist qui défile sur les enceintes semble en mouvement, passant d'un style de musique à l'autre comme s'ils se ressemblaient tous.

Un Bon Matin

     Quelques oiseaux chantent, le soleil se lève, la ville s'éveille. Dans le jardin les fleurs semblent encore endormies. Ce matin je ne retournerai pas me coucher. Comme chaque nuit, je n'ai pas dormi, mais je me sens comme enveloppé d'une énergie rassurante. Je veux croquer le monde ! Un "ami" passe prendre le premier café avec moi. Un autre me dit qu'il passera aussi mais ne m'a pas donné d'heure. Mon café est en train de refroidir mais je ne m'en soucie pas. Dans le pire des cas, je le ferai réchauffer. 
    Une musique douce et répétitive s'échappe des deux enceintes. Une sorte de Lo Fi composée à base d'échantillons de voix, de kalimba, de guitare, de piano et de boites à rythme genre vintage. C'est assez minimaliste mais ça fait le travail. De toute manière de nos jours, less is more, et puis il y a tellement de daubes qui sont à l'affiche en ce moment, on en demande pas trop. En tous cas, pour cette matinée nuageuse ça fera parfaitement l'affaire. Ce n'est ni trop gai, ni trop mélancolique, juste de la douceur et du rythme pour bien commencer la journée. "C'est vraiment une musique paresseuse" me dis-je. 

    *Ding* 
 
    Une notification m'indique que mon prochain ami va bientôt arriver. J'écoute la note vocale qu'il m'a laissé : "J'arrive dans vingt-trois minutes exactement, ouais laisse tomber… j'ai pas pris l'autoroute pour pas payer et machin, j'ai pris la nationale, le GPS il m'a fait passer par des p'tites routes laisse tomber!" A la suite de la note vocale, une vidéo : "Regarde moi ça! Des chemins! Le machin il m'fait passer par des chemins!" s'exclame-t-il d'un air exaspéré en montrant la petite route de campagne sur laquelle il conduit.
    Il doit rouler vite car dix minutes après, je reçois a nouveaux un message m'indiquant qu'il arrive dans un instant. Trois minutes. Je vais à la salle de bain me passer un coup d'eau sur le visage, me regarde dans le miroir. La fatigue me donne un air sympathique je crois. 

    *Ding*

    Le téléphone retentit : il est là. Je descends lui ouvrir puis nous prenons le café. Souvent, c'est l'histoire de cinq minutes à peine, juste le temps d'échanger quelques mots, une ou deux accolades, puis il est l'heure de repartir. Tout le monde est pressé car tout le monde travaille dur et, comme on dit, le temps c'est de l'argent. Le téléphone tinte de temps à autres mais personne d'autre n'est venu profiter du café. La musique me semble plus en plus de mauvais goût mais je ne change pas. Je ne sais pas vraiment ce que j'ai envie d'écouter. Elle rempli juste le vide que laisse les gens après leur passage, elle est comme un ami, un petit peu ennuyeux, mais avec qui l'on reste parce que sinon, on se sent seul.

    Après quelques minutes à écouter ces mélodies maladroites, j'appuie sur pause et laisse le silence prendre l'espace. C'est un peu comme sortir de la douche. Douze coups résonnent dans la pièce. En réalité, le seul son que je perçois est le ventilateur de l'ordinateur dont l'écran affiche midi. Aujourd'hui il n'y aura pas de soleil. Juste un ciel gris et morose. Des nuages prêts a déverser leur ennui sur la ville. Il est midi, et j'ai faim.

    

L'Ennui

     J'ai perdu la notion du temps. Il m'est difficile de me rappeler le jour qu'il est, et comme je ne suis pas le rythme imposé par la masse, l'horloge est devenue un repère négligeable. J'ai parfois essayé de planifier mes journées, sans résultat. Je suis sans cesse partagé entre le besoin de tout faire et l'envie de me languir dans la paresse. Quand j'établi un plan, la journée est millimétrée, j'ai besoin de tout prévoir à la seconde près. Le moindre décalage fout toute ma journée en l'air. J'ai beaucoup trop de choses à faire et l'impression que vingt-quatre heures ne sont jamais suffisantes. Je dois dessiner, écrire, composer, travailler mes instruments, apprendre de nouvelles choses, avancer dans tel ou tel projet ou encore en commencer de nouveaux. J'ai vingt-cinq ans et j'ai l'impression d'être en retard depuis des années. Surtout que je passe la plupart de mon temps à penser à ceci ou à cela ; au final je n'ai pas fait la moitié de ce que j'aurais voulu. Aussi, je prévois des choses que je n'ai pas envie de faire ou du moins plus vraiment. Mes envies évoluent très vite, parfois j'ai du mal à me suivre moi-même. Un projet que j'ai commencé dans un certain état d'esprit peut vite me paraître incompatible avec mon ressenti présent. Doit-on forcément finir ce que l'on commence ? C'est souvent difficile à dire quand on regarde tout le temps et les efforts passés. Qu'est-ce qui est le plus gratifiant ? Achever un travail dans lequel on a mis toute son âme pendant des mois voire des années, ou alors commencer quelque chose de nouveau mais qui nous paraît plus proche de ce que l'on est au moment présent ? Mon père me dirait qu'il faut trouver un équilibre entre ces deux penchants. Il parle souvent d'équilibre, c'est d'ailleurs quelqu'un d'assez équilibré au premier regard. Lui, la routine ne le dérange pas, pour moi, c'est une autre affaire. Je déteste ce qui est figé. Le déséquilibre n'est-il pas l'origine du mouvement ? Toutes ces pensées tournent bruyamment dans ma tête. Quand je m'ennuie, je pense trop et je ne fais rien. Je dois créer le déséquilibre, me mettre en mouvement.

     Je prends mon téléphone et tapote du bout des doigts sur l'écran. En quelques secondes, j'ai ma réponse. "Il" est disponible. Je prépare quelques affaires, attrape les clefs posées sur la table et ça y est, je suis parti. 

Un Banc Vert

     Le vent souffle dans mes oreilles. Je connais la route par cœur, j'ai du la prendre une bonne dizaine de fois déjà. Le trajet n'est pas très long, vingt-cinq minutes aller-retour environ. Les maisons défilent alors que je roule a toute allure sur la voie cyclable. Cela me prendrai seulement dix minutes en voiture mais je n'ai pas le permis. Et puis, le vélo ce n'est pas si mal, ça me permet de prendre l'air. Aussi ca me fait faire un peu de sport et ce n'est pas plus mal étant donné que je passe la plupart de mon temps assis a mon bureau. J'ai déjà fait la moitié du chemin environ, je suis sur du plat et avance plutôt vite. Dans quelques minutes je serais arrivé a destination. La bande cyclable s'arrête là, je ralenti un peu et rejoint la route. J'essaye d'éviter de prendre la route à vélo, ça me rends plutôt nerveux. J'ai fait un accident une fois et de ce fait, je me crispe a chaque fois qu'un véhicule me dépasse. Dès que j'entends le bruit d'un moteur derrière moi, je sers le plus a droite possible. La route mène a un rond-point auquel j'emprunte la troisième sortie. c'est une petite route, large d'une voiture a peu près. Je suis a contre-sens mais je ne dérange pas les voitures sachant que je suis à vélo. Tout en continuant de pédaler, je sors mon téléphone pour prévenir de mon arrivée,  gardant l'équilibre d'une seule main, les yeux allant de l'écran à la route. Quelques mètres plus loin, le point de rendez-vous est là, juste devant moi. Je suis arrivé.

    C'est un endroit plutôt quelconque. Trois routes se rejoignent en un minuscule rond-point. Autour, un mélange de maisons et de petits immeubles, le parking des riverains et, de l'autre coté sur un bout de trottoir, un banc vert. C'est le genre de banc que l'on retrouve un peu partout, tout ce qu'il y a de plus banal. Je gare mon vélo contre une barrière, me roule une cigarette et m'assoie. Un peu dans mes pensées, je regarde les voitures qui passent lorsque je reconnais une silhouette familière. Il avance vers le banc d'une démarche sereine et détendue. Arrivé a ma hauteur il me salue et me sers la main :
    "-Ca va bien frérot? 
    -Bah écoute pas trop mal, la routine.
    -Comme d'habitude alors?
    -On change pas une équipe qui gagne, comme on dit."
Nous parlons doucement. De loin, on croirait deux amis qui se sont donner rendez-vous pour boire un café. Après quelques bavardages il reprends :
    "-J'ai de très bonnes nouvelles pour toi.
    -Je commençais à attendre, du coup, c'est pour quand ?
    -Repasse d'ici deux semaines et tout sera en place."
On procède ensuite a l'échange. Tout se passe en une poignée de main. Malgré tout, si quelqu'un nous avait vu, il se douterai certainement de quelque chose tant je suis maladroit pour ce genre de chose. Je range l'enveloppe prudemment dans ma poche intérieur, il serait fâcheux que je la perde. Je le salue, enfourche mon vélo, et repars dans l'autre sens.

    Une fois rentré chez moi, je vide mes poches et pose mon manteaux. Cela faisait une demi heure que j'étais parti. Notre petite réunion n'a pas duré plus de quelques minutes mais en même temps, mieux vaut ne pas perdre de temps pour ce genre de rendez-vous. Surtout en plein après-midi. On aurait pu nous surprendre.

Distractions

    Aujourd'hui je n'ai pas envie. Pas envie de boire du café. Pas du thé non plus. Pas envie de travailler ni sur mes morceaux ni sur mes croquis. Peut-être je devrais juste dormir et laisser le temps s'écouler. Un peu distrait je vais à droite à gauche dans mes pensées. Alors que ma cigarette se consume, la fumée me fait repenser à quelques rimes que j'avais écrit il y a quelques temps pour une chanson. Le morceau n'était vraiment pas terrible en sois mais je trouvais ces quatre vers vraiment réussis. Je retravaille un petit peu la forme pour que ça ressemble mieux a un poème. J'esquisse une strophe en plus, puis une autre. Une quatrième strophe aurait été la bienvenue mais quand je relis, je ne me vois rien y ajouter. Je corrige les quelques fautes qui me sautent aux yeux puis je rallume ma cigarette et contemple le résultat.

    "Les mains sur le clavier comme un pianiste,
Je laisse des traces de doigts comme au graphite,
Je voudrais que tout ces mots agissent,
Qu'il forme quelque chose de cette argile.

     Je n'y ai vu que du feu, que quelques rimes.
J'allume une cigarette comme dans les films.
Je fais les gestes justes comme un bon mime,
Tout est pourtant bien réel, tu imagines?

    Ma voix est allongée sur ces phrases,
Quelques volutes s'échappent de la barque,
Semblent s'arracher à l'attraction,
Avant de s'écraser sur la page."

    Il y a pas de vent aujourd'hui et mon "Optimist" dérive lentement sur les flots.
Le GPS m'indique la prochaine sortie. Aujourd'hui plus rien n'a vraiment de sens mais la route est encore longue. Demain - j'espère - le vent soufflera.

Mirabelle

     Il y a la poudre, le canon, quelques billets. Comme dans une de ces séries z ou ces reportages à la télévisions. Des sales histoires de complots, de détournement. On ne sait plus qui croire de nos jours. On ne sait même plus vraiment de quoi on parle. Des fois on aimerait être cet enfant qui met le coup de pied dans la fourmilière et qui rigole a grands éclats. Moi, si j'avais le choix je me réincarnerai en canard. En attendant, je suis une fourmi. *Ding* Putain c'est encore elle. On s'était dit que si on se quittait on resterais amis mais évidemment c'est plus compliqué que ça. Pourquoi on se parle encore? J'ai cru comprendre qu'on avait pas du tout les mêmes convictions. Les gens qui rêvent a trop petite échelle ça me fait monter sur mes grands chevaux. Bon restons calme. Je regarde mon téléphone. Ce n'est pas une si mauvaise nouvelle apparemment. On va pouvoir s'arranger pour le voyage. Nous devions prendre l'avion et partir a l'étranger une semaine ou deux. Dépaysement garantit, c'est le genre de romantisme que j'apprécie. Bon je râle mais ça m'aurait fait du bien de prendre des vacances un moment mais bon, elle en a décidé autrement. Si j'ai bien compris le tableau il faut encore que j'invente une histoire avec le médecin histoire d'avoir sa signature. Si j'envoie tout les bons documents à l'agence alors je pourrais me faire rembourser mon billet. Ca tombe bien, j'était plutôt réticent a ce voyage, je l'avait surtout accepté parce que c'était avec elle que je partais. En temps normal je ne peux pas me permettre ce genre de fantaisie, je n'ai pas beaucoup d'argent et puis je travail sur des projets important mais elle avait réussis a me faire dire que ça me ferait du bien. C'est fou ce que l'on peux faire pour les gens qu'on aime. L'amour fait souvent dévier les gens de leur trajectoire. Elle, c'était une fille plutôt banale mais elle a ce quelque chose de paisible que l'on ressens lorsqu'on est chez soi. Elle porte le nom d'un fruit. C'est un nom plutôt banal mais apparemment ce nom serait lié à la ou elle vivait dans sa jeunesse. Ca aurait quand même été sacrément différent si sa mère préférait le fromage. Les prénoms semblent souvent anodins mais je trouve qu'ils influencent dans une certaine mesure ce qui défini la personne qui le porte. Si j'avais été sa mère ou son père, je l'aurait sans doute appelée Corail. Elle a quelque chose de marin, de tumultueux comme l'océan mais d'une sérénité déconcertante comme un après midi de vacances au bord de mer. J'ai autrefois fréquenter une fille qui portait ce nom. C'était durant mes mes études d'art, elle était très belle mais un peu prétentieuse. Elle avait ce quelque chose d'irritant que les gens qui ont une haute estime d'eux même laissent paraître. Les personnes qui ont un nom moins commun sont souvent plus prétentieux que les autres. C'est vrai que si elle s'était appelé comme ça elle aurais surement vu sa vie différemment. 

    Une légère brise souffle dans le jardin, emportant mes pensées comme les pétales de fleurs du cerisier sous lequel je me suis installé. Le printemps est une belle saison. Il ne fait ni trop chaud ni trop froid. Il est symbole de renaissance. C'est un petit peu comme ça en nous aussi je crois. Notre relation est morte mais le soleil reprend sa course. Cela faisait quelques mois que nos cœurs étaient geler mais aujourd'hui la vie reprend son cours. Quelque chose me chatouille dans le coup. Je passe ma main le long de ma nuque et j'attrape ce qui semble être une fourmi. La plupart des espèces sont inoffensive, je la dépose donc un peu plus loin dans l'herbe en essayant de ne pas l'écraser avec mes gros doigts maladroits. Sous cet arbre je ne peux pas vraiment voir la forme des nuages mais j'en perçoit le mouvement. Le soleil rayonne. On entends le chant des oiseaux, les voix des enfants qui jouent ainsi que le bruit des petits avions de tourisme qui parcourent le ciel de la région. C'est une belle journée pour voler. Il y a du vent aujourd'hui.

Dix Mètres Carrés

    Il fait sombre. Le soleil s'est couché depuis une ou deux heures. J'ai souvent tourner en ronds ou en spirale sans vraiment savoir pourquoi mais jamais a ce point. A la base j'avais un plan. Je ne suis jamais le plan. Et même quand je suis le plan je fini par me perdre. Un bon ami à moi me dirait que c'est parce que je respire trop fort. Sa copine, elle, dit que c'est parce que je suis laid. La direction a prendre? Bonne question. Au Sud? Au Nord? Dans une autre ville? A l'Est ? A l'Ouest? ça c'est sur. Je devrais changer de pays, traverser les frontières. Ici je n'ai plus rien. Et ailleurs, ce n'est pas sur que j'ai quoi que ce soit. Peu importe, je vais marcher dans leur combine et peu importe combien de temps cela me prendra. Ils finiront bien par avoir pitié de moi et me jetteront quelques cacahuètes. Je marche dans le couloir en cherchant la porte. Ce dont je suis sûr, c'est que je suis dans le bâtiment E. La seule chambre dont je connais l'intérieur est la 326. Enfin je crois. Je n'arrive plus a savoir si c'est la 26 ou la 28. Tout ce dont je me rappel c'est que nous sommes au troisième étage. J'entends des voix familière a l'étage du dessus mais dans mon état, toutes les voix paraissent familières. J'aime tant l'inconnu que je me sens chez moi partout. Surtout là où il ne faudrait pas que je sois. Enfin ça c'est quand je suis dans mon état normal, là, j'aurais bien besoin d'un guide. Appeler un ami ou quelque chose comme ça. Vérifier mes notes, mettre le GPS ou demander de l'aide. Le problème c'est que toutes les portes se ressemblent seuls les chiffres inscrit en haut a gauche changent un petit peu. Il y a un escalier et de chaque coté il y a des portes. Il y a aussi une espèce de cuisine commune ou j'ai parfois fait à manger et la vaisselle avec Pauline. Ou bien peut-être s'appelait-elle Elena ou Mathilde qu'importe. Il faut a tout pris que je retrouve la chambre ! J'y ai laisser quelque chose d'important ! Je suis persuadé que c'est la 326 ou la 328 mais elles semblent toutes les deux fermées a clefs. Je vais monter au quatrième étage, j'y ai entendu de l'agitation. J'espère juste que leur petit jeu sera bientôt fini et que moi, je pourrais retrouver mon état normal. Je traverse donc le corridor en sens inverse. La cuisine est vide. Je prends les escaliers vers le quatrième mais je n'entends plus les voix. Arrivé sur le palier je me dirige vers l'emplacement ou se serait trouvé la chambre mais l'étage du dessous et cet étage là sont différent. Les rires et les plaintes reprennent de plus belle mais cela semble venir de la d'où je viens. J'ai l'impression d'être comme un chien en train d'essayer d'attraper ma propre queue. Je perds espoir. J'ai du rêver. Après avoir refait tout le chemin a nouveau, je frappe quelques coup à la porte. Des pas se font entendre, puis le bruit de la clefs dans la serrure. La porte s'ouvre laissant apparaitre un jeune garçon d'une vingtaine d'année. 
    "-Ouais qu'est-ce qu'il y a? C'est toi qui fait ce boucan depuis tout a l'heure?
    -C'est ici la chambre de Pauline?  
    -Euh non ?"
Un peu perplexe il m'observe de haut en bas puis reprends.
    -Ah mais oui !J'te reconnais, tu viens souvent pas vrai? Si c'est Estelle que tu cherche C'est la porte d'à coté, c'est la 326.
    -Euh OK… Merci."
Il referme la porte. Je ne comprends pas vraiment mais je ne suis pas en situation de faire autre chose que de l'écouter. Je fait les deux pas qui sépare  la 28 de la 26 et frappe quelques coups. Pas de réponse. Je suis perplexe. Je saisie la poignée et tente de l'ouvrir. Etonnement la porte ne résiste pas et je me retrouve dans les dix mètres carrés de la chambre étudiante de Pauline. Impossible de me tromper, je connais parfaitement cet endroit. Je pose mes chaussures et entre. Les clefs sont sur la serrure à l'intérieur, mon téléphone est sur le lit. Je suis déboussoler. Où peuvent-ils bien être? Je me débarrasse de ma veste et m'alonge sur le lit. Mes yeux se ferment tout seul et la fatigue m'entraine avec elle dans un sommeil profond.

    

    Il est a peine 4h du matin quand j'ouvre les yeux. Il me faut quelques minutes pour prendre conscience de l'endroit ou je suis. Je me dirige vers le bureau et allume l'ordinateur. Pendant le démarrage, je roule une clope. Je brule la feuille qui dépasse du coté du filtre puis je la met à la bouche et l'allume. Je pousse un profond soupir. J'ai encore rêvé de ça. Après avoir écraser le mégots dans le fond du cendrier, je retourne me coucher. Pas question de passer le reste de la nuit à rien faire. Il faut que je sois a peu près frais demain.

Rien De Spécial

Il est 7h du matin. Je peine à ouvrir les yeux. Mes nuits, on peut le dire, sont quelques peu agitées ces derniers temps. En fait, c'est un problème qui revient assez régulièrement et ce, depuis quelques années. J'y fait des rêves particulièrement réaliste. J'ai en quelques sortes une deuxième vie les yeux fermés. Les sujets sont très souvent les mêmes : amour, sexe, conspiration, business, trahison. La plupart du temps cela se base sur des souvenirs ce qui les rends d'avantage convaincants. Parfois ce sont juste des métaphores. Il m'est impossible de savoir si j'ai rêver avant de m'être complètement éveillé. Cela peux même parfois prendre plusieurs heures après être sorti du lit. En général je peux en dégager une sorte de morale. Parfois ils sont un peu plus abstrait et ce sont souvent ceux là les plus ... bizarre. J'aurais presque peur de m'endormir. Cela pourrait expliquer mes nombreuses insomnies. Je me frotte un bon coup les yeux et m'extirpe de la couette. Je m'étire une à une chaque partie du corps puis me dirige vers la cuisine. Ma tête me fait mal, j'ai l'impression de m'être fait rouler dessus par un camion. Je fait couler mon café dans ma tasse, ajoute une grosse cuillère de miel et me roule une cigarette. Une fois à mon bureau j'allume l'ordinateur et reste là, a moitié ahuri, me demandant ce que je vais bien pouvoir écouter. Après une ou deux minutes de réflexion, je lance _Rien de spécial_ de Népal. Cela me rappel un peu que je ne sais plus pourquoi j'ai commencé tout ça. Voulais-je de la notoriété? De la reconnaissance? Peu à peu je plonge dans mes pensées. Je me souviens de ce petit groupe d'amis rassemblé autour d'un banc vert en train de s'envoyer des rimes et chanter pendant les heures de cours. Je crois qu'a l'époque tout ce que je voulais, c'était me prouver que moi aussi je pouvait le faire. Et je voulais le faire parce que je trouvais ça beau. Pas beau comme un tableau dans un musée. Pas beau comme une fille qui fait tourner les têtes. Beau comme de la magie. Beau parce qu'on ne comprends pas quel est le truc. Et puis des yeux du spectateur on deviens les mains du magicien. On commence à comprendre les gimmicks, les tours de passe-passe. Puis on pratique les même mouvements inlassablement comme on pratiquerai un art martial. Parfois on progresse vite, parfois lentement mais à chaque palier on ne peux s'empêcher de ressentir une certaine satisfaction. Et c'est cette satisfaction, qui recule plus on s'approche, qui nous fait avancer, comme une carotte au bout d'un bâton. Aujourd'hui je n'ai plus cette satisfaction. Je connais trop bien les trucages. Je vois le bâton et je vois la ficelle. J'ai une bien trop haute estime de moi-même pour me permettre de la salir, de la souiller. Faire mieux ? J'ai cette orgueil qui me dit que c'est possible. Ce mieux, il est tout la bas, au prochain palier, à la prochaine escale, et moi, je me perds un peu trop en chemin. Je reprends mes esprits et change de musique. Où j'en étais? Ah oui, la musique, les filles et les affaires. Pas besoin de s'emmerder avec mon cerveau défaillant, je suis largement assez occupé pour le moment. Je file à la cuisine pour me refaire du café mais il n'y en a plus. Il va vraiment falloir que je fasse les courses.

Nesquik

    La chambre est sans-dessus-dessous. Le lit est défait et du linge sale est éparpillé sur le sol ci et là. Oisif, je suis assis a mon bureau. Il est jonché de vaisselle sale, de bouteilles et d'enveloppes vides. Le cendrier vomit ses mégots tant il est rempli. Ma mère dit toujours que l'état de notre espace reflète l'état de notre pensée. Là, c'est un sacré bordel. Pourtant, mes idées sont plutôt claire. Aujourd'hui je sais ce que j'ai à faire et ce n'est d'ailleurs pas compliqué. Je finis en vitesse mon thé qui est déjà presque froid et entreprends un brin de ménage. Je commence donc par remplir un sac poubelle avec les quelques ordures qui trainent par ci et par la. Je rassemble aussi les tasses et les assiettes qui trainent et les ajoute à la pile de vaisselle qui déborde déjà de l'évier de la cuisine. Me restera plus qu'a lancer une machine de linge et à passer un petit coup d'éponge et ce sera parfait. Je ferais ça en rentrant, pour l'instant je dois vite me rendre au point de rendez-vous. Si je ne me dépêche pas, je vais finir par être en retard.

    Le rendez-vous n'a pas lieu au banc vert habituel aujourd'hui. J'ai du faire quelques minutes de vélo de plus pour arriver au point GPS que j'ai reçu par message. Je me trouve à l'entrée d'une zone industrielle entre le parking d'une usine et l'entrée d'un garagiste. Il n'y a pas de banc ici et je déteste attendre debout. Quand je n'ai nulle part ou m'asseoir j'ai tendance a faire les cent pas. Je n'aime vraiment pas cet endroit, il est tard, il fait noir et le lieu est désert. Par sécurité j'ai attaché le cadenas du vélo, il serait fâcheux qu'on me le vole, il appartient a ma mère. Après quelques cigarettes, Nesquik arrive lui aussi sur le spot. D'une pichenette, il se débarrasse de la fin de son joint et me salue :
    "-Alors, comment ça va depuis la dernière fois? T'a bien kiffé?   
    -Franchement j'ai rarement goûté quelque chose d'aussi bonne qualité, j'étais impatient de commencer.
    -Je t'avais dit. Y a pas mieux dans la région en ce moment. Alors? tu as pu rassembler combien?
    -J'ai pu avoir six cent balles. Par contre j'ai vider mon compte bancaire, je vais devoir manger des pâtes jusqu'à la fin du mois.
    -Nickel, par contre pour cette somme je peux te faire vingt-cinq grammes pas plus.
    -Ah merde... j'aurais penser plus, t'avais pas dit que tu m'arrangerai sur le prix?
    -Non mais en vrai t'inquiètes, c'est un prix normal. C'est vraiment le top de ce qui se fait en ce moment. En plus si tu te démerde bien tu peux facilement faire le double. C'est pas comme la roulette. Là t'es sur de te faire de la maille. Fais moi confiance, faut vraiment être débile pour se mettre dedans.
    -Bon, ça va le faire, mais si t'arrive à me baisser les prix la prochaine fois j'pourrais envisager de t'en prendre plus.
    -Ouais, ouais, c'est ça, t'inquiètes. On verra la prochaine."
Il fouille quelques instant dans sa sacoche puis en sort une petite boîte cylindrique qu'il me tends. Je la prends et lui tends les billets qu'il s'empresse de recompter.
    "- Bon c'est nickel frérot. Fais attention aux flics sur la route. Et préviens moi quand t'as fini d'écouler tout ça.
    -Ca marche, à la prochaine."
Je vérifie que mes poches sont bien fermées, salue Nesquik d'un signe de main et enfourche mon vélo. Ca y est. Les affaires reprennent.