Sybille

 J'ai plutôt bien dormi cette nuit. Je me suis coucher tard mais le réveil s'est fait naturellement et sans soucis. Comme si mon cerveau savait déjà qu'il était l'heure de commencer la journée. Hier, je n'ai pas trop consommer et déjà sept grammes sont partis. Je ne m'attendais pas à reprendre mes affaires aussi facilement. Encore sept autres grammes et j'aurais déjà remboursé mon investissement de départ. Le reste, ce sera que du bénef'. En attendant les premier levés je me prépare un peu de café. Souvent j'ai une ou deux personnes qui passent me voir tôt avant d'aller travailler. Il y en à d'autres qui passent peu importe l'heure. C'est à se demander si ils travaillent vraiment. Le téléphone ne tarde pas à sonner. C'est Sybille. Avec elle, c'est un peu comme si on faisait du tennis. Elle aussi a de bons tuyaux et une belle liste de clients. Quand c'est moi qui ai le matos c'est elle qui passe me voir et vice-versa. On assure le service chacun notre tour. J'aime beaucoup avoir sa visite. En premier lieu elle a de bons produits, et puis il faut dire que c'est une belle femme. Elle en charmerait plus d'un avec tout ses piercings et ses tatouages. J'avoue que j'apprécie pas mal ce genre de fille. Elle est presque tout le temps habillé en noir avec des pentagrammes ou des femmes a tête de bouc. C'est une sorcière on peut le dire. D'ailleurs, la fois ou je lui ai fait remarqué, elle avait l'air plutôt ravie. Pour moi comme pour elle c'est un compliment. A vrai dire, il est clair qu'elle me plait. Le soucis c'est que je n'ai jamais été très doué avec les filles, je ne comprends pas vraiment les principes de la drague. Et puis, on est pas vraiment du même style. Elle m'indique dans son message qu'elle arrive dans une demi heure, mais bon, elle est toujours en retard de cinq ou dix minutes quand ce n'est pas plus. 


J'ai tout de même eu un peu de succès auprès de certaines d'entre elles. Ca à commencé en seconde. A cette époque je commençais tout juste a comprendre mon influence sur les autres. Méli et Méli. Ca ressemble a une blague mais ce n'en est pas une.  La première était en première année de fac et la deuxième avait redoublée sa terminale. C'est avec elles que j'ai commencé à délaisser les cours pour me lancer dans diverses activités illicites. Leurs intentions n'étaient pas très claire. J'étais encore jeune et j'avoue m'être un peu laissé aller a leur petit jeu. Ca comblait mes hormones et puis je fumais a l'œil alors bon. Un peu plus tard j'ai trainé avec une autre fille, un peu bagarreuse, toujours dans les embrouilles, c'était une vraie crapule. Aujourd'hui je me demande bien ce que j'ai pu lui trouver mais après tout, on ne se refait pas. Il y a ensuite eu ma première fois, un peu décevante il faut le dire. Puis plus tard dans la même année il y a eu Violette. Elle, je l'ai rencontrée dans un rêve. Littéralement. Toutefois, ça n'a jamais vraiment marché entre nous. A mon plus grand regret. On a batifolé quelques temps sans vraiment forger une relation au delà du sexe. Après ça j'ai eu quelques coups d'un soir, des petites histoires sans importances, des amourettes d'adolescents, rien de concret. Quand j'ai eu vingt ans, j'ai trouvé la perle. Là, c'était une autre affaire. Une fusion comme je n'en avait jamais connu. Je crois bien que c'était la première fois que je tombais amoureux. J'avoue ne pas en être sur mais c'est ce que j'ai connu de plus fort alors je me dis que c'était sûrement ça. Pour le coup, Estelle était une fille très différente de Sybille dans le genre. Zéro piercings, zéro tatouages, zéro maquillage. Une beauté naturelle comme on en fait peu. Elle avait toujours un rire qui lui trainait dans la voix, un sourire innocent, un regard plein de malice. Est-ce que je m'en remettrai un jour? Sans doutes. On avait une certaine complicité tout les deux. Tout du moins c'est ce qu'il me semblais. Certains disent que l'on ne connait le véritable amour qu'une seule fois dans sa vie. D'autres prétendent que c'est trois fois en moyenne. Après tout peu importe, qui vivra verra. Quelques volutes s'envolent de ma bouche en emportant mes pensées. J'écrase ma cigarette dans le cendrier et vérifie mon téléphone. "J'arrive dans 5 min, tu peux descendre? je suis pressée." C'est Sybille. Une vrai sorcière ! Toujours là au bon moment ! Je file chercher la poêle et prépare une enveloppe. Puis, en vitesse, je descend la rejoindre.

Les Dix Meilleurs Rappeurs De 2022

    En deux jours, j'avais déjà écoulé toute la marchandise. Je m'en étais mis plein le nez tout en récupérant environ deux cent euros de bénéfices pure. Sybille m'a donné un bon coup de main d'ailleurs. Elle est revenue trois ou quatre fois dans la journée. Au total en moins de dix clients c'était déjà réglé. Tout ça sans bouger de chez moi. Pendant ce temps certaines personnes se font moins que ça en travaillant toute la semaine huit heures par jours. C'est ça la belle vie j'imagine. En revanche le produit a moins plu que je l'aurais imaginer. Quelques acheteurs se sont plaint de la qualité du produit, sans doutes à cause de la couleur. Personnellement je l'ai trouvé excellente, j'ai carrément eu du mal a pas en prendre plus que ça. Le hic maintenant c'est que Nesquik est en rupture de stock. Il faut donc que j'attendent sa prochaine livraison qui n'a lieu que dans deux semaines. Mes clients des deux derniers jours risque d'aller voir ailleurs. J'ai donc demandé a Sybille si elle n'avait pas un plan de dépanne mais rien non plus. Rien avant au minimum dix jours. Bon au moins j'ai un peu d'argent et je ne serais pas obligé de manger que des coquillettes. Et puis il faut impérativement que je me rachète du tabac. C'est ma plus grosse dépense dans le mois en général. La pire des drogues comme je le dit souvent. Je prendrais du tabac à pipe plutôt que du tabac classique, avec l'habitude il se roule aussi bien et ça me coute deux fois moins cher. Il est vrai que ce n'est pas très bon mais ça vaut largement le coup. Maintenant il ne me reste plus qu'a trouver une occupation jusqu'à la prochaine livraison... Le temps est long quand on attends quelque chose. Mais des occupations ce n'est pas ce qui manque. Je dois dessiner, écrire, composer, travailler mes instruments, apprendre de nouvelles choses, avancer dans tel ou tel projet ou encore en commencer de nouveaux. Je n'ai certainement pas le temps de m'ennuyer. Malheureusement aujourd'hui je n'ai pas une once d'inspiration et je tourne en ronds dans la pièce avec l'envie de tout faire sauf ce que je dois. Je me rappel aussi que j'ai la vaisselle et tout le ménage de mon appartement. En deux jours il est devenu invivable. Avec tout les gens qui viennent boire le "café" je ne m'en sors pas. Je décide de m'en préparer un. Ca fait deux jours que je traine dans les champs de coquelicots il faut bien que je me réveille un petit peu.

    Une fois le café prêt, Je m'installe a mon bureau. Je ne sais pas vraiment ce que je vais y faire mais a priori je n'ai pas la ferme intention de bosser. Je lance une playlist au hasard. C'est de l'électro un peu planante. Ce n'est vraiment pas terrible. C'est même chiant. Je coupe la musique et lance une vidéo sur la page d'accueil : "Les dix meilleurs rappeurs de 2022". Je la regarde jusqu'à la moitié environ avant de décréter à moi même que le rap prends vraiment un mauvais tournant. Je me le dis à chaque fois. Peut-être que je suis devenu ringard. Que c'est juste parce que c'est de la nouveauté que je ne trouve pas ça bon. Non vraiment. Faut pas déconner c'est nul a chier. En tout cas c'est pas mieux que ce que je fait dans ma chambre, et ce que je fais on peux pas dire que ce soit du grand art. A ce qu'on dit ces types font des milliers d'euros avec ce genre de daube? C'est affligeant. Et insultant pour tout ceux qui font un véritable travail. J'envoie la vidéo a un ami. J'ai évidemment rajouter mon petit message personnel : "Quand leurs merdes se vendront plus tu crois qu'ils se feront vomir?". J'suis plutôt fier de moi pour celui là. Je devrait peut-être le mettre dans un morceau. Je saisi ma guitare, joue quelques accords puis la repose aussi tôt. J'ai vraiment pas l'envie de faire de la musique aujourd'hui. J'ai l'impression que je n'ai aucune motivation pour rien aujourd'hui. Peut-être sauf pour dormir. Et encore. La dans l'immédiat il faudrait que je trouve quelque chose de drôle à regarder. Je clique donc sur les vidéos qui se présentent à moi sans réfléchir. Rien ne me fait rire. Je regarde l'écran le regard vide sans même décrocher un sourire. Je déprime. C'est sans doute le contre coup de mes deux jours de folies. Ah ça oui, c'était de la folie. 

Du Thé

 Je n'ai rien trouver d'amusant à regarder. J'ai donc passer rapidement le balai et je suis aller faire les courses. Ensuite je suis rentré, j'ai vidé le sac et je me suis réinstaller à mon bureau. Ca fait une demi heure que je suis devant mon écran noir a ne rien faire. Même pas à penser. Je ferme les yeux et prends une grande inspiration. Il faut absolument que je me remette a bosser sur ce foutu projet. J'ai toujours eu envie de faire de la musique. A une période il m'arrivait même de sortir un morceau de temps a autres. Ce n'était pas très glorieux a vrai dire. Musicalement on ne peux pas dire que c'était si mauvais que ça mais les textes dénotait d'une véritable immaturité. Sur la forme c'était plutôt travaillé mais les sujet abordé me ressemblaient un peu trop. C'était juste le récit de la vie d'un fumeur de joints quelques peu prétentieux et en manque d'attention, le cliché. J'ai continué a sortir d'autres daubes dans le genre pendant un moment, puis l'envie m'a pris de me lancer dans un projet plus sérieux. Je m'étais alors mis a passer des heures devant mon ordinateur a composer des mélodies et des textes tout aussi barbants les uns que les autres. Je remplissait des dossiers entier de mes idées sans jamais vraiment aller au bout, désespéré par leur médiocrité. J'exagère sans doute car après tout, d'après mes proches, il y avait quelque chose a en tirer. "Putain mais c'est une tuerie, sors le en vrai!" je les remerciaient alors par politesse, mais je n'était pas vraiment convaincu. Un jour, un type de mon entourage a sorti un projet. C'était terriblement mauvais. Toujours est-il qu'on pouvait sentir qu'il avait une certaine détermination. Curieusement, cela ne semblait pas déplaire a tout le monde. Plus tard, il s'est avéré qu'il avait progressé de manière impressionnante et je n'ai pu qu'admettre qu'il avait fait des progrès considérables. Sa musique ne me plaisait toujours pas, mais il avait ranimé en moi une flamme en moi : j'avais trouver un rival. Des milliers de rimes s'entassaient maintenant dans mes dossiers et quelques morceaux intéressants commençaient a se dessiner. Bon c'était toujours des histoires de drogué mais bon, quand on a connu que ça, de quoi peut-on parler d'autre ? Lorsque j'ai commencé a avoir assez de matière, je me suis mis a sélectionner ce qui me paraissait être le meilleur, à essayer de définir un scénario, un ordre, un fil rouge. Ca ne collait toujours pas. Je n'arrivais pas a créer de cohésion dans ce ramassis de musiques et de paroles. Il y avait bien quelques éléments qui coïncidaient mais l'ensemble ressemblait malgré tout a une espèce de patchwork informe. Je bloquais. Le soucis, c'est que j'y avais passer bien trop de temps. J'étais obligé de revoir mes attentes et d'essayer d'aller au bout de la chose coute que coute. J'ouvre les yeux et expire lentement. Tant pis si ce n'est pas parfait! tant pis si c'est immature! Quelque chose d'intéressant en ressortira peut-être.


Je réécoute quelques morceaux du projet. La suite va être un boulot monstrueux. Pour le moment, j'ai sélectionner un peu plus d'une dizaine de titres. C'est beaucoup mais je crois qu'ils me plaisent tous plus ou moins. Quand ce sera fait, on pourra dire que j'ai posé les bases. Je soupire. J'en suis découragé d'avance. Je décide donc de laisser ça pour une autre fois et vais me préparer du thé. Aujourd'hui pas de café, la cafetière est sale. Aussi j'en ai trop bu ces derniers jours et ça commence a me taper sérieusement au cœur. 

Grand Ménage De Printemps

    Il est grand temps que je fasse un peu de ménage dans tout ce fatras. Je n'aime pas vraiment ça mais là, il faut vraiment que j'y fasse quelque chose. A vrai dire la je ne sais pas vraiment par ou commencer. C'est à dire qu'il y en a vraiment de partout. Je prends une grande inspiration. Bon. Quand faut y aller, il faut y aller! Je commence donc par rassembler et empiler toute la vaisselle éparpillée un peu partout dans l'appartement. Pour ce qui est de la faire je me réserve ce petit plaisir pour la fin. Ensuite c'est au tour du balai. Dans tout l'appartement. C'est effrayant la poussière qui s'est accumulée depuis la dernière fois. Ce n'est plus un tas à ce stade c'est une montagne. Avec la pelle je ramasse tout et direction la poubelle. Je prends ensuite un petit sac et je commence à y jeter tout ce qui ressemble de près ou de loin à des déchets. Et il y a de quoi faire. Ca va de la bouteille en plastique ou en verre aux emballages de toutes sortes, papier de gâteaux, de cigarettes ou de je ne sais quoi. Quand j'aurais fini tout ça je réorganiserai un petit peu mes affaires. Je crois que j'ai besoin d'un petit peu de changement dans mon espace. Contrairement a ce que j'aurais pensé, ça avance plutôt vite. Le bureau commence a être un peu plus dégagé. C'est plutôt satisfaisant. Je n'aime pas trop faire le ménage mais il faut dire que quand tu regarde le résultat c'est plutôt gratifiant. Un petit coup d'éponge pour la poussière et pour les taches de café et de liquides en tout genre et ce sera déjà pas mal. Me reste encore a nettoyer toute la salle de bain et lancer une machine. Mais bon j'en ai déjà trop fait. Du moins a mon goût. Disons que j'ai une capacité à faire les corvées qui est très limitée. Maintenant je veux me faire plaisir ! Je vais donc réarranger tout le bureau. Refaire l'organisation des tiroirs, des câbles et de la bibliothèque. Je vais commencer par la bibliothèque c'est le plus simple. Il faut trier les livres que j'ai déjà lu, ceux que je ne veux pas lire, ceux qui me font envie mais que je n'ai pas encore eu le temps d'ouvrir. Et puis je trierai chaque auteurs par ordre alphabétique. Il me semble que c'est comme ça que ça se fait. Mais d'abord une petite cigarette. Tout le monde me dit que je fume trop. Je dirai plutôt que je sublime mes poumons. Ou bien que j'attends le cancer. Ca dépends des jours. Toujours est-il que je n'ai pas vraiment ni le courage ni l'envie d'arrêter. Bon c'est déjà mieux que fumer du hash j'imagine, même si d'un coté, j'en ai fumer pendant très longtemps. Ca c'était avant que je me rende compte que ça me mettais vraiment dans un sale état. J'avais la flemme de tout, même de me laver. Et puis, ça me rendait affreusement paranoïaque sur la fin, je ne sortais quasiment plus de chez moi. Bon, je sors toujours peu mais au moins, je me sens un peu mieux quand c'est le cas. Enfin je crois.

    Bon fini de rêvasser, il est temps de s'y remettre. J'écrase mon mégot et monte sur le canapé. Je regarde attentivement le titre de chaque livre et fais deux piles. Une pile de ceux dont je veux me débarrasser et une autre avec tout le reste. Plus ca avance et plus j'ai l'impression qu'il y en a peu que je vais garder. C'est pas grave. J'aurais sans doute plus de chance de les lire s'il y en a peu. J'imagine qu'il y en aura encore moins au prochain tri et que sans doute, je n'en aurais pas lu beaucoup plus. J'ai presque fini. Les deux piles se précisent. Finalement elles sont plutôt équivalentes. C'est quand même rassurant. Mais il faut quand même que j'arrête de récupérer des livres en les jugeant uniquement par leur titre. La plupart du temps je suis déçu. Je remet en place ceux que j'ai décidé de conserver. En même temps, je me questionne. Quel est le prochain que je vais commencer? Je lis si peu que je ne sais même pas vraiment ce que j'affectionne comme genre. J'ai quelques romans, quelques recueil de poèmes, un ou deux documentaires et un un sacré paquet de BDs et de mangas. En ce moment la poésie ça me gave un peu mais après tout il faudrait que j'en lise plus si je veux vraiment en écrire de belles. Les documentaires je trouve ça soporifique et les romans ça demande trop d'engagement. Je suis vraiment un lecteur paresseux dans le style. J'ai toujours beaucoup de mal à me lancer mais après quelques pages, je me laisse emporté. Mais c'est comme tout. Le début est toujours difficile. Sauf en amour, c'est l'exception. Pour ce genre d'histoire c'est l'inverse. Tout le monde préfère le début. Personnellement ce que j'aime le moins dans une relation, c'est le milieu. Le milieu c'est encore le début, mais en même temps c'est déjà un peu la fin. Le milieu c'est terrible, c'est ce qui demande le plus d'effort et c'est le moment où l'on ressent le moins d'émotions. On y trouve que des doutes et des questions. Après j'imagine que ce n'est pas pareil pour tout le monde. Ou bien que ça dépends des gens. Pour l'instant ça a été mon cas à chaque fois. Malgré tout je m'efforce de ne pas en faire une généralité. Du bout du doigt je cherche finalement un titre pas trop prétentieux d'un auteur que je connais déjà plus ou moins, un petit peu au hasard il est vrai, et le pose sur ma table de nuit. Il est temps de s'y remettre.

Au Dernier Tiroir Du Bureau

    J'ouvre le premier tiroir du bureau. C'est le tiroir que j'utilise le plus. J'y dispose toutes les choses qui ne doivent pas rester à la vue de tous. Toujours est-il qu'on ne peux pas vraiment dire que ce soit vraiment caché. Si j'étais quelqu'un qui cherche quelque chose ce serait sans doute le premier tiroir que j'ouvrirai. La première question que l'on peux se poser lorsque l'on ouvre ce tiroir c'est "Pourquoi garde-t-il une poêle dans sa chambre ?". Ce serait légitime. Mais visiblement il y a peu de personnes qui fouillent dans mes tiroirs puisque c'est quelque chose que l'on ne m'a jamais demandé. Après n'importe qui aurait deviné ce qui se trame. Entre les traces douteuse sur le téflons et la balance de précision juste à coté il n'y a pas vraiment de question à se poser. J'ai souvent soupçonner Mirabelle de fouiller dans mon téléphone et mes affaires mais elle ne m'en a jamais parlé. Elle attendait sans doute que je lui dise de moi même. Ce n'était pas que j'ai spécialement eu envie de lui cacher quoi que ce soit mais je savais qu'elle était totalement opposé à ce genre d'activité. Elle avait été très claire la dessus. Mais est-ce qu'on peut vraiment faire changer quelqu'un? c'est sans doute ce qu'elle a cru. D'un autre coté avant de la rencontrer je ne faisais pas la cuisine et le ménage encore moins. Je grimace et hausse les épaules puis je remets le nez dans mon tiroir. Entre les enveloppes vides et les boites ayant contenues diverses substances j'entraperçoit la pipe de mon grand père. Je n'ai jamais vraiment fumer la pipe. Je n'ai pas vraiment connu mon grand père non plus. Le seul souvenir que j'ai de lui c'est le jour de sa mort. L'odeur dans la chambre d'hôpital. Le visage grave de ma famille. Le son des larmes de ma sœur. J'étais en théorie trop jeune pour avoir des souvenirs à ce moment là. Pourtant je me rappel parfaitement de cette scène. Je n'avais pas encore les notions pour comprendre ce que je vivais mais, j'avais sans doute compris que c'était grave. Tout du moins  important car je crois que c'est mon plus vieux souvenir. J'arrête tout ce que je suis en train de faire et bourre un peu de tabac dans le creux de la pipe. Je prends quelques bouffées. J'inspire doucement. Par à-coups. Le gout du tabac n'est  pas vraiment le même à la pipe. Pourtant c'est le même tabac que celui que je fume d'habitude. Une chose est sur c'est que les deux ne sont vraiment pas très bon. Mais ce gout, cette odeur… Pour moi, ce sont ceux d'un souvenir.

    Après avoir jeté tout les emballages, enlevé les miettes de tabac, trié les ordonnances et rassemblé les piles de la balance dans une boite, j'ouvre le second tiroir. Je ne l'ouvre sans doute pas très souvent car je ne me rappelais même pas ce qu'il y avait dedans. Ah ! Mais si ! C'est la que je range mes cahiers d'anglais et d'espagnol. J'avais ressorti tout mes anciens cours du bac dans l'idée de poursuivre Estelle jusqu'en Amérique du Sud. Il me fallait pour ça apprendre à parler le plus couramment possible l'espagnol. L'anglais aurait été un plus. Quelle drôle d'idée. Heureusement j'y avais un peu réfléchi et j'ai abandonner le projet. J'imagine encore la tête qu'elle aurait fait si elle m'avais croisée à Buenos Aires ou à Medellin. Elle aurait sans doute eu l'air plus effrayée qu'étonnée. J'avais donc suivi son périple de loin. Depuis mon téléphone et mon ordinateur. Guettant chaque photographie chaque information, lui demandant de ses nouvelles dès que c'était possible. Ca avait l'air d'être le pied. J'en étais vert de jalousie. Et puis finalement c'est grâce a elle que j'ai commencé a remplir mon cahier puisqu'elle m'a gentiment proposé de me donner quelques cours par correspondance. Elle devait penser candidement que c'était la langue ou la culture qui m'intéressais mais à cette époque je ne pensais à rien d'autre qu'à elle.

    Le troisième tiroir est dédié a l'apprentissage de la musique. Toutes sortes de bouquins de théories, de partitions, de tablatures. Il y a aussi un petit classeur dans lequel je range les paroles des chansons que je sais à peu près jouer. Je ne sais pas si j'aurais encore envie de les jouer aujourd'hui. Je les ai beaucoup aimées à l'époque mais maintenant elles ne résonnent plus de la même manière en moi. Il y a aussi trois cahier. Le premier porte sur la théorie musicale en général et le solfège. C'est celui que j'aime le moins et pourtant sans doute le plus utile. Le second est plus spécifique et est concentré sur l'apprentissage de la guitare. Le dernier était prévu pour rassembler toutes mes connaissances en matière de composition et d'enregistrement sur l'ordinateur. A vrai dire celui ci est resté vide. On ne peut pas dire que les deux autres soient très remplis mais au moins j'y ai écris quelque chose. Quelques paragraphes, quelques schémas. Le tout tiens sur une dizaine pages. J'en aurais bien écris plus mais je n'ai pas vraiment assez de connaissance. A cette période je voulais a tout pris tenir ces trois cahiers dans l'espoir de pouvoir transmettre un jour tout ce que j'avais appris sur le domaine. J'y ai écris pendant quelques jours mais j'ai très vite cessé de les remplir et je les ai finalement abandonnés dans ce tiroir. 

    C'est fou comme je vieilli. Chaque tiroir me rappelle tout ce que j'ai laissé au passé. Dans celui ci il y a mes carnets et mon matériel de dessin. Je les sors tous un par un pour faire un peu de rangement. En plus comme ça je saurais ce que je dois racheter quand je m'y remettrai plus sérieusement. La plupart des pinceaux sont éméchés, leurs manche souvent marqués de trace de dents. Les crayons ont été taillés jusqu'à ce que ça devienne impossible. Les tubes de peintures ont été vidé de tout leur contenu et ceux dans lesquels il reste encore quelques gouttes ont séché et sont devenus inutilisables. Ce tiroir est un vrai champs de bataille et j'y ai laissé pourrir les cadavres de mes deux laborieuses années d'école d'arts. Je décide de sauver les quelques survivants. Le reste je m'en débarrasserai dès que j'en aurais l'occasion. Alors que je range le matériel dans le tiroir qui a l'air soudainement bien plus spacieux, mon attention se porte sur un vieux carnet très usé et tout tâché de peinture. Ce carnet, c'est le carnet de mes vingt ans. Je m'étais plus ou moins essayer a la peinture avec les vieilles acryliques que j'avais retrouvées dans les archives de mon père. Je l'époussète et l'ouvre à la première page. En tout cas ça aurait du être la première page mais il se trouve qu'elle est manquante. Elle a été soigneusement découpée à l'aide d'un cutter. De manière chirurgicale. Si je ne connaissait pas bien ce carnet je n'aurais sans doute même pas remarqué qu'il manque une page. Je parcours à la va vite les pages suivantes. J'ai toujours été plutôt doué pour les tracés mais quand il s'agit de mettre en volume ou en couleurs je suis très vite perdu. C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai très vite abandonné. Quand je pense au dessins que faisait ma sœur à la même époque je me dit que j'aurais du arrêter depuis très longtemps. C'est mon défaut. Je m'accroche toujours aux choses que je trouve belles sans jamais me demander si c'est vraiment le moment, si je suis vraiment fait pour. Je ferme le vieux carnet taché de rouge et le range soigneusement avec les autres.

    Il s'est écoulé au moins une heure depuis que j'ai ouvert le premier tiroir. Je ne pensais pas que mettre un peu d'ordre dans mes affaires me prendrait autant de temps. C'est fou tout ce qu'on peux retrouver en faisant un brin de ménage de temps en temps. Je devrais faire ça plus souvent. Mais bon ce n'est pas comme de la musique ou du dessin. Ce n'est pas la même satisfaction. En plus la plupart du temps je n'ai pas la joie de dépoussiérer mes souvenirs comme je l'ai fait aujourd'hui. D'habitude je dois faire les corvées. Le balai, l'aspirateur, la serpillère, la lessive, la vaisselle. C'est long et ça, ça ne caresse pas du tout mon esprit. Retrouver un peu la mémoire en farfouillant dans de vieilles affaire en revanche c'est vraiment agréable. Avec enthousiasme je vais pour ouvrir le dernier tiroir du bureau mais celui-ci résiste un peu. Il est tellement plein qu'il a du mal à s'ouvrir. C'est le tiroir dans lequel je range tout ce que je ne peux pas mettre ailleurs. Dès que je ne sais pas où ranger quelque chose je le met ici. En forçant un peu il fini par s'ouvrir. Ouah ! Il y a du monde la dedans ! Ca me rajeunit vraiment pas cette histoire. Il y a tellement de bazar que je ne sais pas où commencer mon tri. Il est rempli de trucs, de bidules, de machins. Je commence par sortir tout ce qui me semble sans intérêt particulier. De vieilles babioles que je ne sais même pas pourquoi j'ai garder, d'objets démontés dont je voulais sans doutes conserver les pièces. Ca, ça représente environ les deux tiers du contenu de ce tiroir. Je garde vraiment tout et n'importe quoi. Il devait sûrement y avoir une raison à la base mais j'ignore ce que ça pouvait être. Le tiers restant est occupé par des boites de chaussures, elles aussi remplies de toutes sortes de babioles. La première contient un nombre incalculable de paquets de cartes, des petites éponges en forme de boules et de cubes et un livre sur le détournement d'attention. Je ne l'ai jamais lu car il est écris en anglais et le vocabulaire utilisé est très spécifique. Dans la seconde il y a des petites boites remplies de sable, de pierres, de cailloux, d'ossements, tout un tas de choses que j'ai pu trouver lors des voyages que j'ai pu faire étant enfant. Il y a aussi tout un tas de goodies que m'a ramenés mon père de ses divers déplacements professionnels. Le plus souvent je les trouvais sans intérêt mais c'était un des seuls liens que j'avais avec mon père alors je les ai toujours gardés. En hâte, j'ouvre la dernière boite. Etonnamment, celle là est plutôt vide. Une paire de lunettes, un modèle plutôt féminin, un briquet souvenir avec une petite inscription *"Summer Vibes"*, un paquet de tabac American Spirit vide qui date de l'époque à laquelle ils étaient tous différents d'une marque à l'autre, une clef jaune accrochée à un lacet violet et enfin, un petit plateau recouvert d'étoiles. Le même genre que celles l'on colle sur le plafond d'une chambre d'enfant et qui luisent la nuit lorsque l'on éteint les lumières. Parmi elles, il y en a une qui se démarque. Elle est un peu plus pointue que les autres. Le jour où on me l'a offert je suis devenu un homme. Cette étoile est la fin d'un songe…